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Gambie, Un Retour En Arrière Possible Alarmant

Février et Mars 2024 marquent une période sombre pour les femmes gambiennes, qui pourraient bientôt assister à un alarmant retour en arrière. Le 18 Mars 2024, les députés Gambiens ont examiné la proposition de loi initiée par le parlementaire Almameh Gibba dans le but de lever l’interdiction de l’excision datant de 2015  

L’excision est une pratique culturelle consistant à mutiler les parties génitales féminines. Bien que cette pratique persiste en Gambie et dans certains pays d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie, les observations scientifiques et les organismes internationaux de santé sont catégoriques : l’excision n’a aucun fondement scientifique et représente un danger extrême pour les femmes. Certains considèrent cette mutilation comme une conséquence du paternalisme et de la misogynie auxquels sont confrontées les femmes noires dans un contexte africain, tandis que d’autres la voient comme garante de bonnes mœurs.

La question se pose : une pratique est-elle nécessairement juste en raison de sa répétition dans le temps ou de son caractère traditionnel ? Ne devrions-nous pas remettre en question ces pratiques ?

Le député Almameh Gibba, en défendant son texte, affirme que sa proposition de loi vise à préserver les principes religieux et les valeurs culturelles du pays. Selon lui, l’interdiction de l’excision constitue une violation directe du droit des citoyens à pratiquer leur culture et leur religion, d’autant plus que la population gambienne est majoritairement musulmane. Certains médias locaux et internationaux, comme Le Monde, rapportent que l’homme politique bénéficie du soutien du chef religieux musulman Abdoulie Fatty et du Conseil suprême islamique de Gambie.

Toutefois, le député Gibbi Mballow a exprimé une opinion radicalement différente avant l’examen de la proposition. Selon lui, la Gambie ne devrait pas se « cacher derrière l’islam ou la culture pour faire du mal à leurs femmes et à leurs filles. La religion l’interdit au contraire.

L’Association internationale du barreau souligne que le texte pourrait ne pas être adopté en raison des obligations internationales de la Gambie, notamment en vertu du « protocole à la charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes ». Pour la docteure Isatou Touray, présidente de l’association GamCoTrap et militante contre l’excision, valider ce texte serait un recul considérable, alors que d’importants efforts ont déjà été déployés pour changer les mentalités au sein des communautés et auprès des chefs religieux.

Malgré l’interdiction en vigueur depuis 2015, l’excision reste largement pratiquée en Gambie. Les chiffres de l’UNICEF indiquent que 73% des femmes âgées de 15 à 49 ans ont subit une mutilation en Gambie 

 

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